haïku

Mon Amour pour un Haïku

Il y a quelques années, j’avais découvert par hasard un haïku japonais. Immédiatement, je suis tombé en amour pour cette forme d’expression tant sur la forme que sur le fond. Il me suffisait de lire deux à trois lignes d’un haïku, à peine dix mots, et toute une mise en scène, appuyée d’une émotion ou d’une atmosphère, bien plus large que la somme des mots se mettait en place dans mon esprit. Pouvoir, avec un tel minimalisme, créer un tremplin à l’imaginaire m’apparaît comme miraculeux. Sur le même principe que la fine goutte d’une essence de parfum, si concentrée, qui permet à elle seule de voyager dans tout un univers intérieur de souvenirs vécus ou inventés. C’est une porte fantastique vers un ailleurs, porté par l’énergie de l’haïku.

Toile d’araignée
Attrapés frelons et plumes
Même les sanglots

UNE PENSEE CONCENTREE

Au fil du temps, je me suis aperçu que l’inspiration de ma pensée se diffusait en moi, sur le même principe que ce que provoque un haïku. Si je suis dans une certaine forme d’interrogation et que je formule la demande d’une réponse d’explication, alors après quelques secondes de silence intérieur, toute une pensée apparaît mais concentrée en quelques mots, comme un concept. Je suis ensuite capable de développer cette pensée par la formulation de représentations, d’exemples, d’images, d’arguments qui sont comme l’émanation d’un parfum dans une pièce. C’est un déploiement de la pensée, initialement contenue dans une substance atomique.

LA PENSEE EST UNE CANALISATION INCONSCIENTE

Je pense qu’il se passe le même phénomène lorsque nous dialoguons ensemble, les uns vers les autres. A l’occasion d’un échange de conversation, les idées fusent si vite que la pensée analytique disparaît. Et pourtant, sans nous en rendre compte, nous sommes capables de prendre position pour telle ou telle version, de dire oui ou non, instantanément, l’essence d’une réponse à donner vers autrui, a déjà été perçue en soi. Et nous sommes dans la capacité de développer notre pensée, par le flux naturel de notre parole qui libère nos mots. J’estime que nos conversations sont des canalisations inconscientes. Nous sommes si habitués à laisser notre pensée se libérer lors de nos échanges que nous en oublions la mesure de ne pas en être totalement les auteurs. Nous nous approprions l’origine de nos phrases. Il y a environ 30 ans, j’avais entendu à une émission de radio, l’interview de la chanteuse Barbara, interprète de la célèbre chanson L’AIGLE NOIR. Je ne me souviens plus de la question posée, mais très précisément de sa réponse quand elle a dit : « … mais d’où viennent nos mots ? … « . Dans mon esprit, ce fut le TILT de saut de conscience. Ma pensée n’est pas ma pensée.

MA PENSEE N’EST PAS MA PENSEE

Fort de cette compréhension subtile de la dynamique de ma pensée, libéré de mon identification, acceptant une origine autre que celle de s’en croire le propriétaire ou le créateur, j’ai laissé de plus en plus le flux intérieur me traverser. Lorsque l’idée d’écriture s’est imposée à moi, comme un jeu proposé par ma guidance intérieure, j’ai accepté de m’y plonger avec un énorme délice. Ce fut finalement assez simple, direct, fluide et d’une évidence magique, parce que j’étais détaché de la notion de style narratif, de l’idée même de proposer une forme littéraire, étant tout simplement vierge de culture d’écriture ou de référence de grands auteurs. Je me suis laissé porter par le goût du plaisir d’offrir mes mots, ceux qui coulaient de manière brutale et spontanée.

UNE ECRITURE AUTOMATIQUE

L’écriture du premier Opus s’est déroulé en 21 jours. 3 semaines, durant lesquelles, je n’ai fait que cela. Et, rien d’autre. La source s’est mise à jaillir, elle s’est déversée sur mon clavier. Cette écriture s’est réalisée de manière organique. Sans aucune préparation de plan ou de réflexion sur les contenus, ce sont les titres des chapitres qui m’apparaissent en premier lieu, comme des flashs, et ensuite je développe les textes. Et, puis peu à peu, au fil des textes qui se suivent, au fil des Opus qui s’additionnent, les flash de titres se sont transformés en flash de HAÏKUS.

LES HAÏKUS INSPIRES

Par ma culture de designer et par goût personnel, j’attache une importance à l’esthétisme d’un ouvrage. Enfant, adolescent, lorsque je lisais des livres, il y a longtemps maintenant, le fait de tourner des pages remplies de textes très denses me provoquait une sorte de claustrophobie graphique. Je pense avoir gardé le souvenir de lectures de romans de Jules Vernes, ponctués d’images fantastiques, propices à la rêverie. Alors comme pour alléger mes propres chapitres, pour offrir un espace de respiration sur des pages libérées de textes, s’est imposée naturellement la présence des haïkus inspirants. En quelques mots, ils viennent distiller une énergie puissante, une émotion subtile, une pensée sensible, concentrée, une essence de plan de conscience qui parfois s’est retrouvée développée en plusieurs chapitres dans un Opus suivant. Au quotidien, je suis alimenté en abondance par cette nourriture de l’esprit.

 

UN ART DE VIVRE EN CONSCIENCE

Les haïkus me tombent dessus comme des cadeaux surprise de lumière. Je ne provoque rien, ils viennent à moi. Cela commence par cette sensation agréable que connaissent les artistes lorsqu’ils ressentent l’énergie de la proximité des muses de l’inspiration. Puis vient un ou deux mots, ensuite ils dansent un peu ensemble dans mon esprit, jusqu’au moment où ils se marient dans un agencement parfait. Ils s’imbriquent et se figent en une phrase. Je n’ai plus qu’à l’écrire, qu’à la partager. Au passage, dans cette descente en moi, j’ai été nourri de son énergie, de sa profondeur, de sa substance, de sa traduction et de son enseignement en relation concrète avec ma vie. La tonalité de mes haïkus est spirituelle, parce que je suis sensible à cette énergie violette, cet art de vivre en conscience. Il suffit de me « brancher » à une autre énergie, à une autre fréquence, pour recevoir des haïkus, des inspirations ou des textes de natures totalement différentes.

DES HAÏKUS SPIRITUELS

Je n’ai pas recherché de forme littéraire, elle est venue à moi. Elle s’est écrite en moi. Ici, la forme est porteuse du fond. Yin & Yang. Formel & informationnel. Les haïkus m’apparaissent comme une dimension sacrée, parce qu’ils sont porteurs de l’explication d’un plan de conscience, une porte d’un monde à un autre, d’une réalité à une autre. Comme peuvent l’être un dessin, une musique, un son, un chant, une danse, … un silence.

© Jacky Le Faucheur

Auteur :

Je ne suis pas chaman, pas medium, pas alchimiste, pas designer, pas artiste, pas coach, pas clairvoyant, pas hypersensible, pas ultra-connecté, ni fort, ni fragile, je ne suis rien de tout cela, je suis toutes ces dimensions en même temps, comme vous : singulier et universel, entre grandeur et humilité

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