
Le menhir de Cristal
Parlaient-ils de séismes ? de tsunamis ? d’effondrements ? de terres ravagées par les flots dévastateurs? … Je ne sais pas si les oracles avaient vu juste, ce qui m’est certain, c’est que cette réalité m’est intérieure. En dedans, c’est l’après séisme.
En éveil corporel plus que spirituel, depuis que le voyage s’est orienté dans une introspection alchimique, ma perception est assujettie à mes sensations intérieures.
Fruit du dépouillement successif, implacable, sans concession, permanent, sans relâche, de voile en voile… ma perception intérieure a subit ce séisme, cet effondrement complet de mon intériorité. Le grand vide de soi est devenu une nouvelle expérience de mon quotidien, ma réalité ne se situe plus dans le « tangible » de mes contemporains.
Imprévisible, inconnu, déstabilisant.
Paradoxalement, je suis encore plus sensible à ce qui m’environne : aux êtres, aux situations, aux émotions, aux énergies, à la micro brise légère d’un souffle.
Intérieurement, c’est le miroir de glace, le désert de sel, le lac de marbre offrant le miroir constant d’une vérité nue et crue, qui ne souffre plus d’aucun songe protecteur.
Ce n’est pas la paix.
C’est une hypersensibilité qui explose d’intensité
Le mouvement de vie s’effectue depuis l’intérieur, et ensuite il trouvera très bientôt sa traduction dans un extérieur à moi-même.
Un demi siècle de vie passée … et retour à zéro.
J’accueille maintenant ce qui s’en vient, avec la même énergie d’incarnation que ce que je pouvais éprouver à mes premières années … avec la curiosité vierge d’un enfant plongé pour la première fois à la maternelle, assis paisiblement à observer les autres enfants qui se chamaillent, crient, jouent ou pleurent. Encore plus en décalage qu’avant, mais maintenant nourri de la conscience de l’être et de sa compréhension subtile.
Après l’éveil… le Réveil, en pleine lucidité rationnelle de ce qui est. Il n’y a rien de tendre, de merveilleux ou de miraculeux.
L’instant présent est un état d’être, une vibration, un plan de conscience sans passé, sans futur, sans désir, sans ailleurs, sans promesses, sans quête, rempli du spectacle de toute l’immensité du monde qui se cherche en vain une porte de sortie à ce qui est.
Aujourd’hui, maintenant, je vibre l’instant présent, comme un menhir de cristal, dressé en plein Coeur de l’oeil du cyclone, de la vie.
© Jacky Le Faucheur