
L’alchimiste brise le miroir
Avant que tout le monde arrive à faire le travail sur soi, c’est pas demain la veille que le monde va changer !
Voilà la phrase que j’entends le plus souvent quand une personne vient de faire une prise de conscience personnelle et qu’elle comprend la pleine mesure intérieure de la responsabilité personnelle dans la construction de ses propres croyances, projetées sur l’idée de l’évolution de sa conscience, sur l’idée de la sortie de la dualité pour dépasser les jeux entre ombres et lumières.
Cette personne n’a pas encore fait le réel saut de conscience, elle vient juste de toucher du bout du doigt la mesure du travail à faire sur soi. Et sa première réflexion, le tout premier acte de son esprit, est de s’en échapper furtivement. C’est la fuite immédiate, inconsciente. Elle vient à peine de toucher le coeur du problème (elle-même) qu’elle s’évade en se tournant vers les autres, hors de soi. Son regard intérieur est tout de suite projeté vers un ailleurs, sur l’illusion du collectif humain.
Comme si le sort de l’humanité reposait sur une sorte de contrat non-dit, comme si nous étions tous nés à la même date, avec les même potentiels, avec la même culture, avec le même chemin de vie et que la sortie de cette réalité (vers un monde meilleur ?) se faisait main dans la main, tous ensemble, tous les êtres humain en même temps, au même moment ? Comme si nous étions arrivés sur terre, comme une grande famille, et que nous allions en sortir ensemble ???
Et tout à coup s’affiche intérieurement la distance entre soi et les autres. Mince, je suis en train de faire le travail sur moi-même, mais les autres n’avancent pas à la même vitesse. On n’y arrivera jamais. Dans combien de temps ?
Comme si mon sort dépendait du sort des autres ? Comme si le sort des autres avait une influence sur moi-même ?
Tous ces ingrédients ne sont que des illusions de comparaison et de simultanéité de nos chemins, pourtant tellement individuels.
Faut-il que tous les êtres apprennent les mêmes leçons de vie ?
Faut-il que tous les êtres s’aiment pour que tu puisses t’aimer ?
Faut-il que le monde soit beau, pour se sentir beau ?
C’est encore une fois un jeu d’identification.
Le monde n’est pas mon miroir.
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» tous ensemble « , derrière cette énergie se trame nos peurs du rejet, celle d’être en danger, seul, le besoin d’appartenance et de miroir avec notre société est un leurre. La co-création est indéniable, cependant qu’est devenu le petit voisin ou la petite voisine assise à coté de toi en école primaire ? lorsque que tu étais tout(e) petit(e) ? il ou elle a fait son chemin, et toi aussi. Nos co-créations sont ponctuelles dans l’instant présent, mais notre responsabilité est intérieure, au Coeur, et pas nécessairement en phase avec le « collectif ». L’idée de l’humanité est temporaire. Nous venons d’ailleurs, de passage, et irons ailleurs. Quand l’essence de soi, le grand tout a été vibré en soi, je peux accepter l’idée d’une vie en limitation avec ma sphère tangible de réalité, et ne plus m’identifier « au monde ».
Cet ailleurs extérieur de comparaison, d’illusion qui détourne du regard porté sur soi. Ce « tous ensemble », image mentale idéologique, dans laquelle je peux puiser à foison pour y trouver des bourreaux, des victimes ou des sauveurs.
OPUS 6 / LES NOUVELLES DU FRONT 3ème Oeil.